Prospecter sur un salon du livre – SLPJ de Montreuil
Retour d’expérience et conseils
Si vous me suivez sur Instagram, vous savez qu’au mois de novembre je suis allée faire un petit tour au SLPJ de Montreuil (Salon du livre et de la presse jeunesse). Étant illustratrice, j’estimais qu’il s’agissait d’un événement incontournable dans ma carrière pour mieux appréhender le monde de l’édition. Mais qu’en est-il vraiment ? Je vous dis tout dans cet article !
1 | Le SLPJ de Montreuil, c’est quoi ?
Le SLPJ de Montreuil est considéré comme le plus gros salon du livre jeunesse en France. Il regroupe plus de 400 maisons d’édition et s’étale sur 6 jours consécutifs. En plus des nombreuses animations, conférences, dédicaces et entretiens, une journée professionnelle est organisée autour d’une thématique précise.
C’est LE rendez-vous obligé pour les maisons d’édition. Il s’agit principalement pour elles de promouvoir leurs catalogues auprès des particuliers et des professionnels. Bref, le SLPJ de Montreuil, c’est du lourd.
2 | Mon but en allant au SLPJ de Montreuil
Si je voulais me rendre au SLPJ de Montreuil, c’était avant tout pour présenter mon travail et me faire connaître. J’espérais plus particulièrement obtenir des contacts afin d’avoir une porte d’entrée dans les maisons d’édition.
Le salon étant immense, j’avais prévu de rester sur place 2 jours au début du salon, pour m’épargner la cohue du weekend. Dans mon idée, cela m’éviterait d’être gênée par les familles qui auraient pu monopoliser l’attention des éditeurs. Je le dis tout de suite, en semaine ou le weekend, il y a en fait du monde tout le temps. D’autant que les premières journées sont investies par les milliers d’élèves venus dépenser leurs Chèques Lire offerts par la ville.
3 | Ma préparation pour le SLPJ de Montreuil
Je tiens à préciser que je n’ai jamais été à ce type de salon, encore moins pour démarcher des clients. Je n’avais donc aucune idée de la façon dont cela fonctionnait. Ce que je savais en revanche, c’est que je devais avoir un dossier en béton pour être prise au sérieux.
Les mois précédents le salon, je m’étais donc organisée pour mettre au point un projet de livre afin de montrer mon style de dessin, mon univers et mes compétences de manière générale.
En plus d’actualiser mon portfolio, j’ai fait faire des cartes de visite. Je pouvais ainsi les distribuer aux éditeurs afin qu’ils puissent rester en contact avec moi et trouvent mon travail plus facilement sur internet.
Enfin, j’ai sélectionné des maisons d’édition que mon style pourrait intéresser d’après la liste communiquée par le SLPJ de Montreuil.
4 | SLPJ de Montreuil, jour 1
Si je devais résumer cette première journée je dirais… Pas top. Arrivée à 9h et malgré mon stress qui avait atteint des sommets, je n’avais qu’une envie : me ruer sur les éditeurs. J’étais prête à 200%. Je m’étais entraînée à les aborder et cela faisait 3 jours que je me répétais en boucle mon texte.
Pour être tout à fait honnête avec vous, je m’étais préparée mentalement à ce qu’on refuse de me publier. Je n’avais d’ailleurs aucune prétention de ce côté-là. Comme je l’ai dit, tout ce que je voulais, c’était avoir des contacts. Alors je ne redoutais pas du tout le moment où on me dirait que mon style ne correspondait pas ou que je ne les intéressais tout simplement pas.
En revanche, je ne m’attendais pas du tout à ce qu’on refuse purement et simplement de regarder mon travail. J’avais quand même fait presque 500 bornes, investi financièrement et personnellement dans ce salon, préparé l’événement plusieurs mois en amont… Pour qu’on me dise la majorité du temps que les éditeurs n’étaient pas là ou qu’ils n’avaient pas de temps à me consacrer. Mes nerfs d’acier en ont pris un coup et j’ai commencé à baisser les bras en milieu de journée.
Avec du recul, j’ai compris où était mon erreur. Avant de venir à Montreuil, j’imaginais un salon plutôt tourné vers les professionnels (illustrateurs et auteurs). Or c’est tout l’inverse. Il y a des enjeux financiers pour les maisons d’édition et toute leur attention est portée vers leurs clients. Je l’ai compris tardivement mais finalement, je me suis fait une raison.
5 | SLPJ de Montreuil, jour 2
Au lieu de fuir à Disneyland, je suis quand même retournée au salon le lendemain. La raison ? Une maison d’édition que j’avais rencontrée la veille en fin de journée. L’éditrice était là en personne et je ne saurais pas trop vous dire pourquoi, elle m’a inspiré confiance tout de suite. Je lui avais demandé si je pouvais repasser à un moment où il y aurait un peu moins de monde, chose qu’elle a acceptée.
Le deuxième jour donc, me revoilà au salon à 9h pétantes. Sans tarder, je me dirige vers la maison d’édition. Et là… Le bonheur ! L’éditrice a pris le temps de regarder mon travail, m’a donné énormément de conseils, m’a fait des critiques constructives tout en me rassurant sur la qualité de ce que je lui présentais. Je me suis sentie considérée, écoutée et je crois que c’est à peu près tout ce que j’espérais finalement. Notre échange a bien dû durer 15 minutes, ce qui est énorme ! Je l’ai quittée avec une bonne dose de confiance en moi et l’impression que je n’avais pas fait tout ça pour rien.
L’autre raison qui m’a également incitée à revenir, c’était une dédicace d’un illustrateur que j’admire. Après tout, je venais aussi au salon pour me faire plaisir ! Là encore, c’était une très belle rencontre. J’ai pu échanger avec lui pendant de longues minutes et recevoir tout un tas de conseils avisés d’un illustrateur installé dans le milieu. Je tiens d’ailleurs à vous partager cette remarque précieuse à appliquer à n’importe quelle étape de votre carrière :
« Il faut se créer des opportunités, sans être opportuniste. »
Clément Lefèvre
6 | Avis et conseils
Je crois que le plus important à retenir si vous souhaitez prospecter sur un salon comme celui-ci, c’est de venir sans avoir d’attentes particulières. Surtout, n’espérez pas être publié·e. Cela demande du temps et de la réflexion à un·e éditeur·ice, il ne prendra donc pas de décision aussi importante sur un salon.
Même si mon retour semble être plutôt négatif au vu de ce que je viens de vous dire, je pense qu’il s’agit tout de même d’une très bonne expérience. Il est très rare de pouvoir parler de son travail à des personnes, encore plus quand il s’agit de clients potentiels. Voyez cela comme un bon exercice si vous deviez défendre un projet plus tard.
Par ailleurs, me rendre en personne sur le salon m’a permis d’avoir un véritable aperçu des catalogues des maisons d’édition. Si j’avais fait une sélection au préalable en me basant sur ce que j’avais vu sur internet, je me suis rendu compte que certaines maisons ne correspondaient finalement pas à mon style / projet. Vous pourrez donc mieux cibler les éditeur·ice·s par la suite, si vous souhaitez leur soumettre un projet par mail.
Un point concernant la journée professionnelle que j’ai mentionnée au début de cet article. En réalité, elle ne permet pas de mettre en relation des illustrateur·ice·s / auteur·rice·s et des maisons d’édition. J’ai appris qu’elle s’adressait principalement aux libraires et à la presse. Je ne vous conseille donc pas de viser ce genre de journée si vous espérez avoir un entretien personnel avec un·e éditeur·rice.
Enfin, venez accompagné·e ! Il s’agit plus d’un ordre que d’un conseil. Je pense sincèrement que je ne serais pas allée au bout de la première journée si je n’avais pas été accompagnée d’une personne de confiance. C’est important d’avoir quelqu’un qui vous motive, qui croit en vous et vous pousse à continuer même lorsque vous avez le moral dans les chaussettes.
Le mot de la fin
Une fois le salon terminé, j’ai décidé de ne garder que le positif de cette expérience. J’ai choisi d’être bienveillante envers moi-même et je peux être fière de ce que j’ai fait. Il faut du courage pour parler à des éditeur·ice·s et encore plus pour continuer quand cela ne marche pas comme prévu. Dans tous les cas, j’aurai appris beaucoup de choses sur le milieu du livre et sur moi-même. En plus, je reviens avec de précieux conseils.
Voilà, j’arrive au bout de cet article très long. C’était important pour moi de vous faire un retour complet sur cette expérience car j’aurais moi-même aimé avoir ce genre d’informations avant de me rendre sur un salon du livre pour démarcher des éditeur·ices.
Si vous avez des questions ou si vous souhaitez partager votre propre expérience, n’hésitez pas à laisser un commentaire. Je serai ravie d’échanger avec vous 😊